Suivre un cours de haute magie dans notre société moderne a-t-il du sens ? Pour beaucoup, les pratiques de la magie divine et de la théurgie semblent vraiment appartenir à une autre époque. De fait, les personnes qui, de nos jours, s’intéressent à la magie, se tournent plus volontiers vers les propositions récentes du newage. L’exemple le plus fameux (fumeux?) est la Loi d’attraction. Cela signifie-t-il que les grandes opérations de haute magie cérémonielle à la Papus ou à la Eliphas Levi ont perdu de leur attrait et de leur efficacité? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Quelle différence entre un cours de haute magie et un cours de basse magie?
Beaucoup d’auteurs et d’enseignants en occultisme insistent sur la différence existant entre la magie dite vulgaire (ou basse) et la haute magie. Doit-on comprendre par là qu’il existe une échelle de mesure valorisant certaines opérations magiques plutôt que d’autres?
A n’en point douter, pour le public et pour tous ceux et celles qui cherchent comment débuter en magie, c’est souvent le cas.
Se pose alors une question. Comment évaluer la hauteur de telle ou telle magie autrement que par le filtre des préférences ou des préjugés.
La hauteur de la magie a-t-elle quelque chose à voir avec les objectifs suivis par celui qui la met en oeuvre? C’est évident. Mais dans ce cas, il convient de se méfier des apparences.
Par exemple, est-on en droit de penser ou de croire que le Vaudou haïtien est une basse magie, sous prétexte qu’elle est pratiquée dans des contextes bruyants et sacrificiels, et qui plus est, par des ethnies colorées? Nous verrons dans une prochaine formation à quel point cette vision est stupide et archaïque.
Peut-on encore raisonnablement affirmer que le sorcier des campagnes est moins sage que son homologue des grands temples égyptiens? Et ce pour l’unique raison que son occultum tient souvent dans une simple boite en bois?
Que dire enfin de la messe, si l’on considère, selon son caractère antique, qu’elle constitue le rite magique par excellence? D’aucuns penseront qu’il s’agit-là d’une pensée sacrilège. Ont-ils vraiment raison?…
En réalité, tout cela relève de préjugés et d’ignorance pure.
La haute magie cérémonielle
En réalité, toutes les magies se valent, car toutes peuvent être utilisées pour le bien ou pour le mal. En ce sens, il n’y a pas de basse ou de haute magie qui tienne. C’est plutôt la valeur éthique des objectifs du mage ou du sorcier qui en décide.
Nul ne peut donc s’enorgueillir de pratiquer la haute magie au lieu de la basse. Car, dans ce contexte, l’estime de soi correspond à des critères de sagesse et de conscience. La forme particulière des rites ou leur coloration symbolique n’entre pas en considération.
En d’autres termes, il ne suffit pas d’officier dans un temple magnifiquement décoré et déguisé en thaumaturge grec, avec des dorures partout, pour se prétendre un mage digne de respect.
Il convient donc de comprendre que l’expression de haute magie utilisée dans la littérature occultiste ne constitue en aucun cas un jugement de valeur. Elle décrit plutôt un ensemble de gestuelles et de conditions formelles impliquant un décorum et des actes rituels (souvent) assez complexes, pour ne pas dire compliqués.
Fort heureusement, cette complexité n’est pas obligatoire. Elle peut être fortement réduite à l’essentiel en revisitant et en modernisant les vieilles pratiques rituelles. Je vous en reparle à la fin de cet article…
Cours de haute magie à la papa…(ou à la Papus?)
Papus (de son vrai nom le Dr. Gérard Encausse) fut un occultiste et mage de la fin du XIXe siècle. Il a écrit plusieurs livres sur la haute magie cérémonielle. On comprend à sa lecture en quoi la notion cérémonielle qualifie grandement ce genre d’opérations magiques. Il y préside une gestuelle typiquement cérémonieuse, et dans bien cas, presque lyrique.
Les mages des XIXe et début du XXe siècles aimaient l’ambiance des grands salons et des opéras. C’était culturel avant d’être cultuel. Leur magie reflétait souvent le faste d’une société caractérisée par les contrastes assez brutaux entre les différentes classes sociales. On peut alors imaginer que la magie de Papus fut une magie embourgeoisée et sans doute passablement encombrée d’éléments qui ne font plus sens à notre époque.
Pourtant, et curieusement, la littérature occultiste n’a pas beaucoup évolué depuis Papus. Comme si les préceptes et formules magiques des siècles passés étaient immuables et ne pouvaient souffrir d’aucune modernisation. Tout au moins dans la forme. En effet, on récite encore aujourd’hui des invocations magiques et des évocations surannées dans le style lourd et pompeux du XIXe.
Des invocations défraîchies et désuètes…
A mon sens, cela n’incite pas les nouvelles générations à s’investir dans ce type de magie. En effet, en l’état, il est très difficile de s’y projeter. Qu’on en juge à ce petit extrait, souvent cité (voire bêtement copié par les auteurs modernes…), extrait de la très connue invocation des Ondines :
« Ô immensité dans laquelle vont se perdre tous les fleuves de l’être, qui renaissent toujours en vous ! Ô océan de perfections infinies ! Hauteur, qui vous mirez dans la profondeur ; profondeur, qui vous exhalez dans la hauteur, amenez-nous à la véritable vie par l’intelligence et par l’amour ! Amenez-nous à l’immortalité par le sacrifice, afin que nous soyons trouvés dignes de vous offrir un jour l’eau, le sang et les larmes, pour la rémission des erreurs…»
En définitive, ce que ce genre de magie peut avoir de haut a plus souvent trait à l’adjectif hautain qu’affichent (ou ont affiché) certains commentateurs et praticiens de la magie antique d’hier et d’aujourd’hui.
Et comme cette discrimination n’est pas intéressante, voyons en quoi consiste la haute magie selon les Anciens.
Magie divine, donc spirituelle…
Conventionnellement, on considère qu’une magie est haute lorsqu’elle s’occupe uniquement de desiderata spirituels.
Elle n’est donc haute qu’au regard de l’altitude où sont situés ses champs d’action et influences. C’est-à-dire, au niveau où cette magie cérémonielle s’exerce sur l’échelle de la Création et parmi les couches constituant ce que les mages appellent les hiérarchies célestes.
On comprend alors que la haute magie n’est pas plus noble qu’une autre magie plus triviale. C’est juste que son domaine d’expression concerne spécifiquement les demandes liées à la métaphysique et au devenir spirituel de l’homme.
Mais là encore, il ne faut pas pour autant en tirer des conclusions hâtives sur le degré de maturité de la haute magie blanche. Car, à sa manière, le Vaudou lui aussi travaille à l’élévation spirituelle. C’est une forme de magie naturelle. Or, le Vaudou l’accomplit dans un autre décorum et selon des directives rituelles très typées.
Ces particularismes sont malheureusement perçus par les Occidentaux comme carrément exotiques. Donc, peu dignes de respect.
Haute magie et théurgie
Quoiqu’il en soit, que l’on parle de haute magie kabbalistique, cérémonielle ou encore de haute magie égyptienne, on emploiera souvent un autre terme pour les qualifier.
C’est ici qu’apparait le mot théurgie, en rapport au fait qu’il s’agit de magie divine. Non pas qu’elle soit divine au sens de magnifique ou d’exceptionnelle, mais tout simplement parce qu’elle s’occupe de divinisation.
A ce stade, le mage ne travaille plus à l’amélioration de son sort terrestre. Il s’occupe plus spécialement de son salut spirituel et de son devenir eschatologique.
Cependant, dire qu’un tel mage est supérieur à un autre est une ineptie. Car, dans la réalité existentielle, tous les mages sont susceptibles d’utiliser des techniques magiques inférieures pour favoriser leur condition terrestre. De même que je ne connais pas un alchimiste, si sage soit-il, qui n’a pas (au moins) envisagé un jour de fabriquer de l’or… 😉
Les cours de haute magie dans les ordres initiatiques
Il a toujours existé des sociétés secrètes et des ordres initiatiques à caractère magique dispensant un enseignement à leurs recrues. Même à notre époque, c’est souvent une option choisie par les apprentis magiciens pour apprendre la haute magie.
Il existe en effet des ordres très connus et plus ou moins ouverts. En général, ils ont pignon sur rue. Ils possèdent même des sites internet leur servant de vitrine et de carte de visite. On y entre assez facilement. Il suffit de payer une cotisation, et parfois avoir subi une petite enquête préliminaire à caractère morale ou intellectuelle.
D’autres organisations initiatiques plus fermées et discrètes oeuvrent également à la diffusion de cours de haute magie traditionnelle. Ils fonctionnent en général en groupuscules autonomes. Ces ordres peuvent être constitués de plusieurs centres, loges, ou convents, souvent répartis sur plusieurs continents. Plus rarement, ceux-ci sont fédérés à une entité hiérarchique centrale. Ce qui n’empêche pas certains d’entre eux de déployer des discours quelquefois très différents d’un pays à l’autre, d’un centre à l’autre…
Parmi les plus connus des ordres initiatiques à caractère magique (et quelquefois alchimique) figure la très célèbre Golden Dawn. Cet ordre magique connait un très grand nombre d’émules dans le monde entier. Plus minoritaire, on trouve aussi l’Aurum Solis pratiquant une haute magie hellénistique ou gréco-égyptienne (par rapport à la Golden Dawn dont la signature symbolique est fortement kabbalistique). Et enfin, le Martinisme, encore très vivant à notre époque, et souvent représenté par des maçons d’obédiences très variées.
Doit-on suivre des cours de haute magie en autodidacte ou dans un ordre initiatique?
Le parcours initiatique d’un mage est très fréquemment éclectique et solitaire. Comme il n’existe aucun cursus figé ni établi en la matière, l’apprenti-mage va souvent faire son éducation lui-même au moyen de livres à sa disposition.
Comme on l’a vu plus haut, il existe un écueil important en magie. Celui de s’en remettre à une littérature foncièrement poussiéreuse. Et ce, nonobstant les efforts courageux de certains éditeurs actuels soucieux de protéger un patrimoine occulte en passe d’être écrasé par les modélisations pseudo-spirituelles du newage.
Néanmoins, il semble important de rééditer régulièrement les grands classiques de la haute magie. Comme par exemple le fameux formulaire de haute magie de P.V Piobb. Cependant, il peut également être favorable d’encourager un travail de reformulation en langage moderne de ces mêmes classiques pour les nouvelles générations. L’objectif étant bien sûr que les connaissances diffusées à notre époque dans les cours de haute magie soient adaptées aux consciences nouvelles et aux spécificités de la vie moderne.
Sans quoi, un jour ou l’autre, tout cela va se perdre ou devenir totalement obsolète…
Un renouvellement des arts magiques pour notre époque
C’est cette même démarche que j’ai entamée dès 2009 avec l’alchimie traditionnelle. Je la poursuis activement à présent dans le contexte des arts magiques.
Car, selon moi, il est urgent de revisiter les grands principes de la haute magie cérémonielle. L’idée étant de la nettoyer des lourdeurs de style du passé.
Et surtout, il me parait important d’offrir un retour d’expérience qui remet certaines pendules à l’heure, là où la complaisance et l’ignorance se sont dangereusement installées. Je pense notamment (mais j’y reviendrai) à une certaine mode magique entourant le personnage de Franz Bardon, au sujet duquel bien des âneries sont diffusées…
Si vous souhaitez bénéficier de ce travail de reformulation et de modernisation des arts magiques traditionnels, je vous renvoie à ma formation de théurgie. Celle-ci vous permettra d’acquérir des connaissances très avancées et rares sur la haute magie. Il s’agit d’un véritable cours de haute magie moderne dans lequel vous est transmise une méthodologie qui vous affranchira de toutes les limites rituelles habituellement imposées par les systèmes magiques.
C’est une autre manière de retrouver sa liberté initiatique. Elle conviendra bien sûr à tous ceux et celles qui aiment apprendre par eux(elles)-mêmes…